Elle est avocate et mutée à Montréal, il est psychanalyste installé à Paris, ils sont anciens amants, mais la messe n'est pas dite. Eric Emmanuel Schmitt invente le théâtre épistolaire : grâce à l'immédiateté de la messagerie, les réponses fusent ou se font attendre... Il me semble (car mes souvenirs ne sont pas des plus récents) qu'il a puisé son inspiration dans Les liaisons dangereuses - d'ailleurs citées dans le texte - pour les mettre au goût du jour. L'argument reste le même : l'amour peut-il être déclenché à volonté comme par un élixir ? Le défi est lancé, relevé... Je n'ai pas trop envie de plaindre ce nigaud d'Adam, mais je n'ai qu'un mot d'admiration pour Louise : quelle fine mouche ! Jubilatoire.
Lu le 7 août 2015
Maintenant je dois lire son pendant Le poison d'amour.
Ce qui est chose faite. Au final de cet intéressant dyptique demeure LA question : aimer justifie-t-il tous les crimes ?
Poison d'amour
Elles ont seize ans. Elles entrent en première. Elles sont amies pour la vie ou du moins elles veulent le croire quand elles referment un cadenas sur la rambarde du Pont des Arts. Pourtant Julia, Colombe, Anouchka et Raphaëlle sont très différentes. Chacune tient un journal intime où elle accepte plus ou moins de se révéler. J'ai un peu cru qu'Eric Emmanuel Schmitt, à s'essayer à tous les genres, était tombé dans le piège de Quatre filles et un jean ! La subtilité du propos ne se déroule en finesse que progressivement.
J'ai un peu moins aimé que son pendant, dans sa façon d'interroger la durée de l'amour, sa fiabilité, à travers des exemples de tous les jours tirés de l'entourage des adolescentes, mais aussi du théâtre avec la dramatique histoire de Roméo et Juliette. J'ai détesté le machiavélisme de Julia, apprécié à sa juste valeur la force vive de Colombe et plus que tout la merveilleuse histoire des grands parents d'Anouchka qui sauve le roman. L'histoire révèle une manipulatrice qui ne me fait pas battre des mains comme dans Elixir d'amour, mais ressentir une immense pitié pour cet âge dit ingrat.
Les deux messieurs de Bruxelles

Avec la lecture de plus des deux tiers de son oeuvre, je dirais pour résumer son style, qu' E.E. Schmitt est un narrateur qui fait plaisir à lire quels que soient ses écrits, y compris les carnets d'écriture qui accompagnent désormais rituellement ses fictions. Il parle tout aussi aussi bien d'amour que de ceux qui sont déchirés, malheureux, n'attendent plus rien de la vie. Il souligne combien l'espoir est permis au coeur des heures les plus sombres, en mettant sur la route de ces derniers une bonne personne, une âme charitable ou compatissante, quelqu'un capable d'intérêt pour son prochain. => à lire à ce propos : Votre chat vous aime-t-il vraiment ?

Dans une réflexion en postface sur les cinq nouvelles regroupées sous ce titre, il explique qu'une sorte de pensée commune latente émerge de la cohabitation des textes et que le sens général de ce qu'il est en train d'écrire ne vient généralement qu'après (c'est normal la vision stratégique vient souvent a posteriori)
Lu le 8 janvier 2014 pour le challenge à vos nombres de Piplo

Article mis en forme pour le challenge
Lire sous la contrainte NOM PROPRE DE LIEU
2 commentaires:
J'ai vraiment aimé cette nouvelle.
Je viens de le lire aussi. Un bon recueil de nouvelles, je trouve.
Merci pour cette nouvelle participation à mon challenge et bonne soirée.
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